Mécénat de compétences : salariés détachés pour aider des associations

 Mécénat de compétences : ces salariés détachés pour aider des associations
Meilleure gestion RH, défiscalisation, organisation du temps de travail. Le mécénat de compétences est devenu une vraie alternative pour le salarié et l’entreprise.

par Léa Cordonier pour LE PROGRES le 23 février 2016

Le mécénat de compétences permet, au travers les connaissances d’un salarié, l’apport d’un savoir-faire supplémentaire à une association. 
Le mécénat de compétences permet, au travers les connaissances d’un salarié, l’apport d’un savoir-faire supplémentaire à une association. 

Depuis le mois de juillet dernier, Brigitte Devaux a quitté son poste chez Orange pour consacrer du temps à l’association Habitat et Humanisme. Du bénévolat ? Non ! Car Brigitte Devaux, toujours employée d’Orange, a accepté une mission de mécénat de compétences. « Chez Orange, le temps partiel senior permet aux personnes proches de la retraite – 3 à 5 ans – de réduire leur temps de travail à 60 %. J’ai choisi d’exercer ce temps partiel à l’occasion d’une mission de mécénat de compétences. J’ai alors rejoint Habitat et Humanisme, qui avait des besoins RH (ndlr : ressources humaines) sur le recrutement de bénévoles. En tout, nous sommes 47 salariés d’Orange à exercer une mission de mécénat, au sein de cette association ».
« Une réelle indépendance d’esprit »
Dans le mécénat de compétences, l’entreprise s’engage pour l’intérêt général. Elle met ses salariés à disposition d’une association, dans le cadre d’une mission spécifique. Ses missions ont des durées aléatoires. Dans le cas de Brigitte Devaux, elle dure trois ans. Chez Algoé par exemple, société de conseils en management, les missions durent 20 jours. « En 2002, nous avons créé Algorev, une association interne à l’entreprise, qui s’occupe de délivrer des missions de mécénat aux salariés d’Algoé », explique Pascal Gustin, PDG de la société, basée à Écully (200 salariés. CA 2015 : 20 millions d’euros). « Nous avons un potentiel de 300 jours de missions. La moitié est prélevée sur les RTT des salariés. Le reste est offert par Algoé, ajoute Barbara Causse, présidente d’Algorev et manager chez Algoé. En réalité, nous utilisons 90 jours chaque année, pour un total de 25 missions. Depuis la création d’Algorev, environ 80 consultants sont intervenus ». L’association a notamment épaulé Sport dans la ville (Lyon 9e ), pour la mise en place de son dispositif « Job dans la ville ». « Dans ces missions de mécénat, nos consultants se sentent utiles. Ils en tirent un vrai plaisir ». Et Brigitte Devaux d’ajouter : « Nous avons une réelle indépendance d’esprit. En association, il n’y a pas cette recherche de performance ».

Défiscalisation pour l’entreprise
Si le salarié trouve dans le mécénat une reconnaissance de ses compétences, l’entreprise n’est pas en reste. « Il y a effectivement une défiscalisation, explique Véronique de Montlivault, déléguée générale d’Émergences, une fondation engagée dans le mécénat de compétences. L’entreprise peut déduire 60 % des salaires des collaborateurs missionnés, au prorata des heures de travail dévouées ». Une formule qui répond également aux enjeux relatifs à la gestion des ressources humaines. « Les salariés n’imaginent pas l’apport de leurs compétences, continue Véronique de Montlivault. Ils en tirent une vraie satisfaction et motivation supplémentaire, ce qui contribue à une meilleure gestion des RH ». Enfin, le mécénat peut aussi être utilisé en fin de carrière, pour éviter une baisse de l’activité ou une « mise au placard » des seniors, comme dans le cas de Brigitte Devaux.

Trouver la bonne mission
Pour l’entreprise, il est primordial de trouver une mission en lien avec ses compétences. La mission doit se porter sur une structure d’intérêt général : association, fondations, école ou université.

Mise en place d’une convention
Une fois la mission trouvée, il est essentiel d’élaborer une convention de mécénat, afin de garantir les modalités de la mission. Depuis 2003, le mécénat de compétences est encadré par la loi Aillagon.

Libérer du temps
Pour que le salarié mène à bien sa mission, l’entreprise lui attribue un crédit, afin que le coût soit partagé entre ses RTT et le temps financé par l’entreprise (à 60 % défiscalisable).

 

 

 

 

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