Pour Béatrice de Durfort, déléguée générale du Centre français des fonds et fondations (CFF), les fondations doivent mobiliser les ressources philanthropiques locales.
Un article lu pour vous sur la news letter de Youphil.
L’heure des élections municipales est bien souvent l’heure des promesses, mais elles se font cette année dans un contexte exceptionnel de disette budgétaire et d’économies volontaires de la sphère publique qui ne laisseront que bien peu de marge de manœuvre aux élus pour agir et développer les services essentiels à la vie de leur communauté.
On peut se morfondre, ou considérer que ces temps turbulents sont propices à l’innovation, l’émergence et le développement d’initiatives; qu’il appartient à la société civile de trouver des propositions nouvelles et de les expérimenter; au politique d’en favoriser l’essor et l’essaimage, à l’administration d’en faciliter la mise en œuvre.
Adapter le modèle anglo-saxon de « community foundation »au contexte français
Le Centre Français des Fonds et Fondation (CFF) s’est engagé dans une démarche collective d’innovation avec un groupe de fondations dont le nombre va régulièrement croissant -porté entre autres par la fondation de Lille, fondation pour l’université de Lyon, fondation Passions Alsace, fonds de dotation ADIFE dans l’Est Val d’Oise- pour adapter le modèle anglo-saxon de « community foundation », aux spécificités du contexte social et culturel français et en favoriser l’essor.
À l’heure où le besoin de solidarité se fait de plus en plus urgent, où s’étiole le sentiment de communauté de destin, ces fondations innovent et dessinent ainsi les contours de la fondation territoriale: c’est-à-dire de la fondation solidaire à l’échelle du territoire!
Une fondation qui œuvre pour le vivre ensemble, qui mobilise les énergies et les ressources philanthropiques locales (dons et compétences des habitants et des entreprises) et les attribue à des projets sociaux, culturels ou environnementaux répondant aux besoins spécifiques du territoire, validés par un groupe d’experts indépendants et de figures locales.
Le territoire, lieu de vie, lieu de construction identitaire fondé sur des rapports historiques, affectifs, économiques, professionnels est aisément mobilisateur… pour peu qu’il bénéficie des outils catalyseurs.
Philanthropie de proximité
Or, le moyen de mobiliser les générosités à l’échelle du territoire fait souvent défaut, exposant les donateurs au risque du saupoudrage et les bénéficiaires à une épuisante recherche de fonds. La fondation territoriale favorise une philanthropie de proximité avertie, conseillée et responsable, ouverte à l’ensemble des parties prenantes d’un territoire. Elle est facilitatrice de co-construction dans le champ des missions d’intérêt général. Elle a vocation à être l’expression d’une citoyenneté active et de la capacité à agir de chacun au bénéfice de tous…
Nous espérons que nos édiles sauront les reconnaître, les soutenir et engager des partenariats confiants avec elles, dans le respect de leur indépendance et de leur autonomie.
À l’heure de la troisième décentralisation, du projet de loi sur l’économie sociale et solidaire qui reconnaît enfin la famille des fondations, et de l’empowerment, nous pensons qu’elles peuvent apporter avec leur jeunesse et leur entrain ce souffle de solidarité et d’engagement philanthropique si nécessaire à notre société.